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Emploi : à l'heure des transitions, recruteurs et candidats sont-ils en phase ?

DÉCRYPTAGE. Les premiers enseignements issus de la crise sanitaire montrent une certaine appétence des futurs diplômés du BTP pour la question environnementale, quand les employeurs cherchent pour leur part des profils polyvalents et prêts à s'adapter. Une certaine flexibilité s'observe aussi du côté des conditions de travail, notamment à distance, et les niveaux de rémunérations restent attractifs.
 
 



L'activité du bâtiment et des travaux publics se porte bien, mais l'emploi du secteur est également en forme. Si les entreprises de construction ont souffert du premier confinement sanitaire, au printemps 2020, elles ont ensuite pu relever la tête, profitant notamment d'un fort dynamisme des chantiers de rénovation énergétique portés aussi bien par les particuliers soucieux d'améliorer leur habitat que par les collectivités territoriales et l'État, dont les bâtiments publics font l'objet de financements du plan France Relance en vue de leur réhabilitation.

Cette reprise d'activité s'est toutefois heurtée aux perturbations des chaînes mondiales d'approvisionnement qui ont parfois pu déboucher sur des pénuries de matériaux, faisant du même coup grimper les prix de ces ressources. En parallèle, les problématiques de recrutement, déjà présentes de longue date dans le secteur, se font plus criantes encore : en dépit de carnets de commandes remplis, les artisans et entreprises n'arrivent pas forcément à faire correspondre leur main-d'oeuvre avec leur niveau d'activité.

Dans la foulée d'un cru 2020 déjà exceptionnel, l'apprentissage a pourtant battu un nouveau record historique en 2021 : 1 apprenti sur 10 a été recruté dans le bâtiment l'année dernière, les PME (petites et moyennes entreprises) étant particulièrement à la pointe dans les embauches de jeunes. Fait marquant, les diplômés de l'enseignement supérieur et les jeunes actifs en reconversion professionnelle se tournent de plus en plus vers l'apprentissage.





Métiers de terrain comme métiers de bureau demandés



Les CFA (Centres de formation des apprentis) font donc le plein d'effectifs, tout comme les écoles d'ingénieurs.
Le 9 décembre dernier, le Forum ESTP (évènement organisé par l'École supérieure des travaux publics) a réuni futurs diplômés, entreprises et cabinets de recrutement dans un contexte résolument optimiste. Certes, les difficultés sont là : "Il y a plus de besoins en main-d'oeuvre que de ressources qui sont aujourd'hui disponibles sur le marché", a admis Sunita Kahteran, responsable développement ressources humaines chez Ramery. "La difficulté va intervenir sur les grands métiers très classiques : des conducteurs de travaux, des ingénieurs de prix, des chargés d'affaires...", a complété le directeur de Michael Page Immobilier & Construction, David Mérigonde. Preuve que ces tensions de recrutement concernent aussi bien des postes dits de terrain, comme la maçonnerie ou la couverture, que des postes dits de bureau, à l'image de l'ingénierie ou de la direction technique.

Après les discours sur l'utilité et la quête de sens des professions situées "en première ligne", la pandémie et ses différents confinements auraient-ils suscité une autre crise, celle des vocations ? Toujours est-il que les métiers manuels, et en l'occurrence ceux du BTP, semblent bénéficier d'un regain d'attractivité. Les organisations représentatives de la filière ne s'y trompent pas et axent leur communication institutionnelle - en direction des jeunes notamment - sur les passerelles que peuvent jeter les métiers du bâtiment entre la transition écologique et la transformation numérique, BIM et exosquelette au premier plan. Ce à quoi s'ajoutent un argumentaire plus concret sur les autres atouts offerts par le secteur, de la montée en compétences à la diversité des tâches quotidiennes en passant par des niveaux de rémunérations satisfaisants.

"Guerre des talents"


Sur ce dernier point, une récente étude nationale sur les rémunérations indique que les entreprises de la construction et de l'énergie ne semblent pas rétropédaler, bien au contraire : confrontées à une "guerre des talents" qui amènent les jeunes diplômés à faire monter les enchères - quand ils ne décident pas de partir à l'étranger -, elles sont bien obligées de s'aligner sur la concurrence et de proposer des salaires intéressants voire confortables, en sus de conditions de travail sur lesquelles les candidats sont de plus en plus regardants.

D'où la question de la "fidélisation" des jeunes posée par les professionnels, qui leur reprochent parfois de passer un peu trop vite d'une entreprise à l'autre. Selon Jorge Pedro, consultant en recrutement chez Neptune RH, deux choses mises en place par les entreprises séduiraient particulièrement les candidats : d'une part, "la flexibilité sur des notions liées à l'équilibre vie pro/vie perso", et d'autre part "l'intérêt intellectuel dans le projet, projet au sens de l'entreprise mais aussi l'attractivité des chantiers en eux-mêmes".

Probablement plus sensibles, plus réceptifs à la question environnementale, les jeunes générations ont effectivement tendance à placer dans leur liste de critères la capacité des entreprises à appréhender ces sujets : "Il faudrait peut-être trouver le compromis entre loger les personnes, développer les constructions mais aussi s'adapter à l'environnement", a relevé Aïcha, étudiante croisée dans les allées du salon. Matériaux biosourcés, béton bas-carbone, efficacité énergétique, confort d'été... autant d'éléments sur lesquels planchent déjà industriels et entreprises du secteur, et qui seront encore plus au coeur des discussions techniques avec l'entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la Réglementation environnementale 2020.


Corentin Patrigeon (07/02/2022)
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