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Illustration hydrogène
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Pour peser dans la transition énergétique, l'hydrogène va avoir besoin de bras

INDUSTRIE. À l'occasion d'un salon consacré à cette énergie qui aura lieu en mai à Paris, la filière hydrogène met en avant la dynamique dont elle bénéficie en France comme à l'étranger. Les enjeux sont encore nombreux, notamment sur le plan de la main-d'oeuvre, mais les investissements et la production sont déjà là.
 
 



Alors que se tiendra le salon HyVolution les 11 et 12 mai prochains à Paris, la filière hydrogène tient à rappeler que la transition énergétique passera très probablement par elle. Les débouchés du secteur sont nombreux, de l'énergie à l'industrie en passant par la mobilité, mais les enjeux le sont tout autant, particulièrement dans le contexte géopolitique et énergétique que l'on connaît depuis la reprise économique faisant suite au Covid, et a fortiori depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

À l'occasion de l'annonce de cet évènement, l'association France Hydrogène, qui regroupe 400 membres, a mis en avant les perspectives d'activité qui s'offrent à leur filière. Des grands groupes aux PME-PMI (petites et moyennes entreprises et industries) et jeunes pousses en passant par les laboratoires, centres de recherches, associations et collectivités territoriales, les professionnels du secteur ont dans leur ligne de mire la trentaine de pays ayant, à ce jour, développé une stratégie dans l'hydrogène. Projets et accords se multiplient à l'international, pour tenter de faire émerger les "routes de l’hydrogène".

Volonté européenne



Un cadre et des outils ont déjà été institués en Europe pour accompagner la filière dans le déploiement de ses projets : il s'agit bien sûr du "Green Deal", le Pacte vert de la Commission européenne visant à réaliser la transition énergétique du Vieux Continent, mais aussi le Plan de relance européen, baptisé "Next Generation EU". D'autres dispositifs ont cependant vu le jour, comme la "Clean Hydrogen Alliance", qui tente de lever les obstacles pour permettre aux projets de se concrétiser.

Avec ses ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le paquet de mesures "Fit for 55" joue aussi un rôle, tout comme le système des IPCEI (Projets importants d'intérêt européen commun) : 18 États-membres ont d'ores-et-déjà fait remonter à la Commission pas moins de 120 projets, dont 15 pour la France. Enfin, le plan "RePower EU", qui se consacre quant à lui à la souveraineté énergétique de l'Europe, a revu ses ambitions à la hausse en tablant sur plus de 20 millions de tonnes de production d'hydrogène.

Structuration



"La France est quant à elle dans le peloton de tête d’une dynamique mondiale, avec une stratégie pour un hydrogène décarboné à la hauteur des ambitions", assure France Hydrogène dans un communiqué. "Les enjeux pour la filière française sont forts : réduire les coûts pour changer d’échelle, promouvoir la neutralité technologique et participer à la réindustrialisation. Côté financements, 7,2 milliards d'euros alloués puis 1,9 milliard d'euros d’ici 2030 (dont 3,4 sur la période 2020-2023) pour déployer à horizon 2030, 6,5 gigawatts d’électrolyse", rappelle encore l'association.

Les professionnels se disent même prêts à aller encore plus loin que les objectifs qui leur ont été assignés, en visant 680 à 1.090 kilotonnes d'hydrogène renouvelable ou bas-carbone à l'horizon 2030. Cette production serait concentrée dans sept grands bassins de déploiement. En attendant, le secteur veut croire à sa structuration au vu des levées de fonds et des entrées en bourse, ainsi qu'aux projets de "gigafactories" (usines géantes) pour électrolyseurs, piles, réservoirs ou encore véhicules, qui se dessinent un peu partout en France, souvent soutenus par des plans régionaux.

"17 métiers identifiés comme déjà en tension"


L'un des enjeux "majeurs" de la filière hydrogène concerne toutefois la main-d'oeuvre. Portée par une stratégie nationale de développement élaborée par l'État et les industriels, elle a pour objectif de décarboner l'économie tout en restant compétitive et en s'implantant dans les territoires. Un sérieux challenge qui imposera de créer plus de 100.000 emplois directs ou indirects d'ici une dizaine d'années aux quatre coins de l'Hexagone.

La filière comptabilise à l'heure actuelle 3.500 emplois, ce qui témoigne donc du fort potentiel qui reste à exploiter. Ces créations de postes pourront par ailleurs s'opérer tout au long de la chaîne de valeur, des fabricants d'équipements et de composants (électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs, véhicules, stations de recharge...) aux intégrateurs et fournisseurs de services (études, maintenance, audits...).

"Au total, France Hydrogène recense 84 métiers pour ce secteur dans son référentiel des métiers et compétences de la filière hydrogène, dont 17 sont identifiés comme déjà en tension. Il faut donc répondre, immédiatement et sur le long terme, à ces besoins en compétences et en qualification", abonde Philippe Boucly, président de France Hydrogène.

Le secteur fait majoritairement appel à des métiers existants, auxquels il faut cependant, évidemment, ajouter une spécialisation plus ou moins importante sur l'hydrogène. Aujourd'hui surtout dispensée dans les entreprises, celle-ci devrait toutefois être complétée par une offre de formation initiale en cours de développement, pour répondre aux besoins de la filière.


Corentin Patrigeon (29/04/2022)
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