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Un maçon, champion du monde

Il aura fallu 22 heures à Stéphane Barbe pour réaliser la meilleure œuvre en maçonnerie aux Olympiades de métiers qui se sont déroulées à Séoul (Corée) du 13 au 16 septembre. Récompensé pour sa technique et sa précision, Stéphane Barbe s'est distingué en particulier par la qualité de ses aplombs, de ses niveaux et de ses alignements. Originaire de la région Centre, Stéphane prépare actuellement un Brevet de maîtrise. Rencontre avec un champion, passionné par son métier.
 
 

Tout d'abord, félicitations. Vous devez être content. Le chemin a-t-il été long pour en arriver là ?

Stéphane Barbe : Je suis très heureux. Oui, la préparation a été longue, depuis les sélections régionales. Et cet été, on s'est entraîné quasiment une semaine sur deux.

D'où venez-vous ? Dans quelle entreprise travaillez-vous ?

S.B. : J'habite près de Chartres. Je travaille dans l'entreprise de mon père, Didier, qui est associé avec son frère. Nous sommes quatre en tout, avec un autre ouvrier. Mais on aimerait bien être davantage ! On ne trouve pas de salariés.

Comment avez-vous été amené à participer aux Olympiades ?

S.B. : J'ai fait les sélections il y a deux ans. J'avais 18 ans. Je suis arrivé 4ème... Alors je me suis relancé cette année. Beaucoup de personnes m'attendaient. Ils m'avaient dit il y a deux ans " Rendez-vous en 2001 ". C'est une belle aventure, surtout quand on va jusqu'au bout et qu'on ramène la médaille d'or.

Qu'est-ce que vous avez trouvé le plus difficile, le plus impressionnant dans cette compétition ?

S.B. : Rien n'est difficile, il suffit de s'y mettre. Ce qui est le plus impressionnant, c'est toute l'organisation qui est déployée autour. On est complètement pris en charge. Et la préparation aussi. En quelques mois, ils nous font changer aussi bien physiquement que mentalement. En quelques semaines de stage, on acquiert un savoir qui correspond à deux ou trois années de formation.

Savez-vous ce qui a fait la différence entre votre réalisation et celle des 18 autres candidats ?

S.B. : Non. Je ne sais pas. Quand on réalise son épreuve, on ne regarde pas les autres, on ne sait pas ce que pense le jury. Mais je ne suis pas le seul à avoir eu la médaille d'or. Il y a eu trois ex-aequos, moi, l'Irlandais et le Taïwanais, je crois. Mais j'ai été le premier des trois, avec 530 points. Le second a eu 529 points. Si j'avais eu quelques minutes supplémentaires, j'aurais été le seul à avoir la médaille d'or. C'est mon seul regret.

Qu'est-ce que cette médaille va changer pour vous ?

S.B. : Ce qui va changer, c'est au niveau de l'environnement extérieur. Tout le monde me connaît comme maçon, mais maintenant je vais peut-être pouvoir avoir des discussions plus fines avec les gens. Tout le monde connaît l'image du maçon, mais maintenant, moi, je suis maçon ET champion du monde. J'en ressens une très grande fierté pour la profession et pour moi-même.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?

S.B. : L'avenir est incertain dans ma tête, mais tracé sur le papier. Je vais reprendre dans quelques années l'entreprise de mon père. Mais j'ai envie de vivre plein d'autres expériences. J'ai plein d'idées. J'ai passé mon bac professionnel l'an dernier. Je voudrais soit préparer un mention complémentaire en patrimoine - le neuf ne m'intéresse pas -, soit aller travailler sur des chantiers historiques. Ca va se décider d'ici la fin de l'année. Peut-être des portes vont-elles s'ouvrir pour moi, avec ces résultats.
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